Santé

Les antibiotiques trop automatiques

Les antibiotiques c’est toujours trop automatique !

L’UFC-Que Choisir rend publics ce jour les résultats préoccupants d’une enquête1 sur les prescriptions d’antibiotiques, et à la lumière de ces derniers, exige du ministère de la Santé la mise en œuvre sans délai de mesures concrètes à même de garantir une information objective des médecins.

Alors que la consommation d’antibiotiques repart à la hausse depuis 2008 ( 4 % par an), l’UFC-Que Choisir a mené une enquête auprès de 50 médecins, qui a pris la forme de visites par un patient unique en bonne santé, se plaignant d’un mal de gorge fictif. Ces consultations ont donné lieu à des prescriptions aberrantes :

  • Alors que la personne était en parfaite santé, 52 % des visites ont conduit à la prescription d’antibiotiques. Faut-il à nouveau rappeler que l’efficacité des antibiotiques diminue quand leur usage se développe ?
  • Notre enquête dédouane les patients, dont l’influence sur les prescriptions est faible : seul un médecin de l’échantillon a retiré les antibiotiques de l’ordonnance après que notre enquêteur a émis un doute sur leur utilité.
  • L’enquête souligne également la surprescription de médicaments : en moyenne, chaque ordonnance comprenait 2,4 médicaments, en plus des antibiotiques ! Certains médecins ont même prescrit des corticoïdes, pourtant non recommandés pour un mal de gorge.
  • Voilà donc une nouvelle preuve du caractère irrationnel des prescriptions, qui explique que la France se singularise tristement dans le paysage européen. 9 consultations sur 10 se concluent par une prescription de médicaments (deux fois plus qu’aux Pays-Bas), et la consommation de médicaments par habitant est supérieure de 40 % à celle de nos voisins européens.

Non seulement en totale contradiction avec les impératifs les plus élémentaires de santé publique, ces prescriptions irrationnelles sont en outre inacceptables compte tenu de la charge financière qu’ils font supporter à la collectivité, dans un contexte où les déficits de l’assurance maladie menacent la pérennité du système et l’égal accès aux soins.

L’effort doit donc porter sur l’information scientifique donnée aux médecins, à propos de l’usage des médicaments et des bonnes pratiques thérapeutiques. Cette information objective est d’autant plus cruciale qu’elle doit contrebalancer la pression exercée sur les praticiens par l’industrie pharmaceutique.

Décidée à obtenir cette information non-biaisée des médecins, gage de prescriptions adaptées aux besoins, l’UFC–Que Choisir rappelle sa proposition de création d’un corps de 1 700 visiteurs médicaux publics et indépendants, placés sous l’égide de la Haute Autorité de Santé.


1. Enquête réalisée par une unique personne en bonne santé de la mi-octobre à la mi-novembre 2010 auprès de 50 médecins généralistes, à Paris, en région parisienne et en province, suivant le même scénario : prétendre un mal de gorge et dire craindre une angine. Il est précisé que ces rendez-vous à la seule charge de l’association n’ont donné lieu à aucun remboursement de la part de l’Assurance maladie. Enquête complète disponible dans le numéro de février de Que Choisir Santé.

source : www.quechoisir.org

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